Alliage | n°53-54 - Décembre 2003 Métallurgie - Art - Informatique 

Jean-Marie Perdrix  : 

La puissance de la fusion

Texte intégral

Né en 1966 à Bourg-en-Bresse, Jean-Marie Perdrix est diplômé de l’École des arts décoratifs de Strasbourg (1989), et a été élève de l’Institut des hautes études en arts plastiques de Paris (1990).
Il vit et travaille principalement à Paris, mais ses recherches dans le domaine de la fonderie le conduisent dans des ateliers ou usines de nombreux pays (de la Géorgie à l’Afrique équatoriale) pour y expérimenter diverses modalités de production tant techniques que culturelles.

Mon travail s’appuie sur le processus de moulage de la fonte, ou plutôt sur les tensions et les contradictions éprouvées physiquement, entre l’énoncé, le processus et son résultat.

Par principe, mon travail de fonderie est terminé lorsqu’il est froid. La pièce se montre telle quelle, démoulée, posée.

J’ai abordé la sculpture d’une façon décisive avec les « formes insaisissables ». Chaque modèle est tel que j’ai la force de le soulever. Ses dimensions sont comprises dans l’écartement des deux mains, mais posé au sol, il n’offre aucune prise.

La fonte s’est imposée comme le matériau le plus adapté à mon idée par sa facilité de moulage et sa densité familière. Elle restitue l’impact de la coulée, comme une photographie restitue son exposition à la lumière. Pourtant, ma sculpture est difficile à photographier, car c’est la masse elle-même qui fige l’instant de la fusion dans sa forme.

C’est le cas pour la « Gravité anesthésiée » réalisée en 1997 au Combinat métallurgique de Rustavi (Géorgie), puis installée dans un parc au centre de Tbilissi. L’économie de la volumétrie est contrariée et exacerbée par la sensation de masse éprouvée par le corps (principe d’encombrement).

La fonderie est le premier espace d’exposition. J’ai l’expérience des fonderies en Alsace, en Russie, en Corée du Sud, en Yougoslavie et en Géorgie. Chaque fois, j’ai dû investir des situations sociales, politiques, économiques, culturelles très différentes. Chaque fois, il a été pour moi déterminant d’impliquer dans l’objet les acteurs de sa production.

J’ai trouvé dans la fonderie à la fois un espace fantastique et un processus simple et efficace pour actualiser une puissance et produire un rapport humain.

Pour citer cet article

Jean-Marie Perdrix, « La puissance de la fusion », paru dans Alliage, n°53-54 - Décembre 2003, La puissance de la fusion, mis en ligne le 07 août 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3658.

Auteurs

Jean-Marie Perdrix

Artiste, vit à Paris et y travaille, ainsi que dans le monde entier.