Alliage | n°57-58 - Juillet 2006 Science et littérature 

Andrée Bergeron  : 

La danse jubilante, ou Cortázar critique de science

Plan

Texte intégral

Certains soutiennent que l’on peut douter de l’intérêt d’une question qui n’aurait pas déjà été posée par les Grecs. Sans remonter ainsi aux calendes, on est parfois surpris, au détour de textes déjà anciens, de voir surgir des questions ou des prises de position qui, loin d’avoir perdu de leur pertinence, semblent au contraire avoir, avec le temps, gagné en actualité. On les relit aujourd’hui, étonné qu’ils n’aient pas rencontré plus d’échos hier.

Il en est ainsi, me semble-t-il, de Prose de l’observatoire,1texte méconnu d’un critique de science inattendu : Julio Cortázar, écrivain fantaisiste et multiforme, Argentin de Paris, amateur de passages, de jazz et de correspondances. Le texte a été écrit en 1971, en réaction à la lecture d’un article du Monde qui relatait les recherches qu’une équipe du Muséum national d’histoire naturelle menait sur les anguilles. Trois ans auparavant, Julio Cortázar avait visité l’observatoire astronomique construit au XVIIIe siècle par le sultan Jai Singh à Jaipur, en Inde ; il en avait rapporté quelques clichés des instruments de marbre. Ces photographies, obtenues à partir d’une pellicule de mauvaise qualité, ont été retravaillées pour publication par Antonio Gálvez ; éloignement dans le temps, traitements techniques, dégradation des édifices et désaffection des lieux concourent à donner à ces images l’aspect irréel de la fresque qui s’efface à mesure qu’on la met au jour. Dans Prose de l’observatoire, Cortázar entremêle photos et texte, et donc ces deux histoires de science2 : une science contemporaine, et la façon dont elle nous parle des anguilles et de leurs migrations ; une science d’un autre temps et d’un autre lieu, érigeant des instruments de marbre et de bronze pour « dialoguer debout avec les astres ».3 En relisant ce texte plus de trente ans plus tard, on est obligé de constater que l’écrivain, sans jamais quitter son ancrage dans la littérature, posait alors à la science des questions dont l’acuité n’a cessé de croître.

Ce n’est probablement pas un hasard si c’est au sujet des anguilles et de leur si singulière histoire qu’a réagi Cortázar. On connaît sa nouvelle Axolotl,4 qui se déroule au Muséum et dans laquelle un homme se retrouve transféré dans l’une de ces larves d’amphibien. L’histoire des anguilles, Prose de l’observatoire le montre amplement, est riche de questions ouvertes pour quelqu’un dont l’œuvre est marquée par une interrogation sur la possibilité d’articuler liberté/destin individuel et action/destin collectif, ou encore qui recherchait dans l’hétérogène, dans le rapprochement de phénomènes a priori sans rapport, le spectacle d’« un monde qui accéderait à la cohérence ».5*

Qu’y a-t-il donc de si particulier chez les anguilles ? Nous savons – et nous le savons parce que des scientifiques, aujourd’hui et hier, les ont étudiées – que  toutes celles qui vivent en Europe et dans le bassin méditerranéen naissent au même endroit, dans la mer des Sargasses. Elles font ainsi deux fois la traversée de l’Atlantique : six mille kilomètres une première fois, pour venir vivre dans les rivières d’Europe et de Méditerranée — où elles resteront parfois dix-huit ans — et six mille kilomètres une seconde fois, pour retourner frayer dans la mer des Sargasses, et y mourir. Nous connaissons aussi le détail des deux métamorphoses qu’elles subissent au cours de leur cycle de vie et au fil de leurs migrations, et qui les font passer de la larve de mer (leptocéphale) à l’alevin (civelle ou pibale), puis du poisson des rivières (anguille jaune) au poisson des abysses (anguille argentée). On nous dit aussi que, si dans nos rivières l’anguille vit plutôt solitaire, les deux migrations s’effectuent en groupe : par millions, au printemps, les civelles remontent les cours d’eau, formant parfois un ruban continu de plusieurs kilomètres ; par milliers, à l’automne, les anguilles argentées font le voyage inverse. Si nous savons, depuis 1915 et les recherches biométriques de Johannes Schmidt, que toutes les anguilles d’Europe ont la même moyenne vertébrale et donc qu’il y a une forte présomption en faveur d’un lieu de ponte unique, si les limites de répartition des leptocéphales convergent — pour les longueurs minimales — vers la mer des Sargasse, aucune anguille adulte ni aucun œuf n’y ont jamais été capturés…

« Dame science en son jardin »

Ce qui faisait réagir Julio Cortázar, n’est pas tant ce que la science nous dit de tout cela, mais la façon dont elle le dit. Prose de l’observatoire a pour figure centrale le ruban de Möbius, cette surface sur laquelle on passe continûment d’une face à l’autre, qui n’a ni avers, ni revers, mais aussi une surface non orientable, c’est-à-dire à partir de laquelle il n’est pas possible de séparer un espace extérieur d’un espace intérieur. C’est là un point-clé pour Cortázar : il n’a rien contre la science, mais il souhaite une science (et cela vaut plus largement pour chaque champ de l’activité humaine) qui ne cherche pas à circonscrire un intérieur, celui du point de vue légitime, et un extérieur, celui des points de vue exclus.

La science porte sur le monde un regard dont il admet tout à fait la pertinence

(« Que Dame Science en son jardin se promène, qu’elle chante et qu’elle brode, belle est sa prestance et nécessaire son rouet téléguidé et son luth électronique, nous ne sommes pas les Béotiens du siècle, le brontosaure est bel et bien mort »)*

mais, si pertinent soit-il, ce regard n’épuise pas le réel et ne devrait en conséquence pas prétendre à le faire. Sauf à confondre l’acte de recherche avec celui consistant à « donner un autre tour d’écrou à une nature encore mal colonisée ».*

Car que savons-nous de « l’ultime danse de mort et de renaissance »* des anguilles qui

« replongent dans les ténèbres à quatre cents mètres de profondeur et, cachées par un demi-kilomètre de lente épaisseur silencieuse, pondent leurs œufs et se dissolvent en une mort par millions de millions, molécules du plancton que les premières larves déjà absorbent dans la palpitation de la vie incorruptible » ?* Peut-on dire « l’assaut du serpent contre les rochers, l’avancée vers les estuaires, l’irrésistible invasion des fleuves »* par les « leptocéphales qui, après avoir atteint huit centimètres en trois ans, ne savent pas que leur entrée dans des eaux plus douces déclenche quelque mécanisme de la thyroïde et ignorent qu’ils commencent à s’appeler civelle » ?* Ou même seulement « où, à quelle heure profonde, la tête informe, toute yeux, toute bouches et cheveux, amorcera le glissement vers l’amont » ?*

La description des phénomènes et de leurs mécanismes, ce que la science fait si bien, ne suffit pas à clore toutes les questions. Pourquoi les anguilles ont-elles ces singulières  habitudes de reproduction ? Même en faisant appel à une mémoire ancestrale encodée dans les molécules d’adn, cette question, comme les autres « pourquoi ? », n’est pas accessible à partir de la science. Sauf si « ce qu’on cherche dans la réponse c’est de boucher un trou, de mettre un couvercle à la marmite scandaleuse qui bout et rebout pour personne. »*

C’est contre cette tentation que se dresse ce texte. Que s’est-il passé, se demande Cortázar, pour que la science qui, par pédiatres interposés, a agi pour que l’on cesse d’emmailloter les bébés, qu’on les accepte libres de leurs mouvements, emmaillote aujourd’hui

l’« homme qui lit le journal, achète des livres et veut savoir »*

en lui imposant, comme unique point de vue légitime, le sien propre ? N’y aurait-il pas là une forme d’égarement, celui qui fait

« voir la fin dans les moyens »,*

celui qui, en nous emplissant d’informations, nous condamne au

« sordide paradoxe d’un appauvrissement lié à la multiplication des bibliothèques, des microfilms et des éditions de poche, une culturisation à la Jivaro» ?*

Il est normal que, en tant qu’écrivain, Cortázar soit sensible à ce que reste ouverte

« une direction vers un autre entendement ».*

La littérature, en effet, n’est pas simple divertissement, c’est aussi une voie d’exploration du monde. Elle possède la particularité de revendiquer le point de vue depuis lequel elle opère : celui de l’homme. Voilà ce que, parmi de nombreux autres, Milan Kundera revendique clairement :

« Les romanciers dessinent la carte de l’existence en découvrant telle ou telle possibilité humaine. Mais exister, cela veut dire “ être-dans-le-monde ”. Il faut donc comprendre et le personnage et son monde ».6

Instrument d’exploration du monde humain — et là il faut, à en croire Kundera, non seulement entendre le monde des humains, mais encore le monde en tant qu’il est habité par des humains — permettant d’échapper à

« la réduction abusive et l’appauvrissement induits par le traitement limité au vérifiable ».7

tel est le sens de la fiction pour Juan José Saer :

« on n’écrit pas des fictions pour fuir, par immaturité ou irresponsabilité, les rigueurs qu’exige le traitement de la vérité, mais précisément pour mettre en évidence le caractère complexe de la situation (…). La fiction multiplie à l’infini les possibilités de traitement. Elle ne tourne pas le dos à une supposée réalité objective : bien au contraire, elle s’immerge dans ses turbulences, dédaignant l’attitude ingénue qui consiste à savoir de première main de quoi cette réalité est faite. »7

Ce plaidoyer pour une pluralité des lectures, naturel aux écrivains et plus généralement aux artistes, dont les œuvres

« ne se résignent pas à la fonction de divertissement8 ou d’artifice »7 et
« bien qu’elles s’affirment comme fictions veulent pourtant être prises au pied de la lettre »7 (car c’est en en prenant comme matériau « cet entrecroisement critique entre le vrai et le faux »7

qu’elles sont à même de nous enseigner quelque chose sur le monde), est loin de se limiter à un simple débat d’idées abstraites, une ratiocination d’universitaires et littérateurs en mal d’occupation. En 1971, à une époque où les études sociales des sciences l’entrevoyaient à peine, c’est vers le fait que l’habituation lente à la prédominance d’un point de vue sur tous les autres n’est pas dénué de conséquences que le texte de Cortázar pointait déjà. Des conséquences très concrètes et pas toujours nouvelles.

Car, en quoi consiste finalement l’activité scientifique ? à poser les questions auxquelles elle permet de répondre. Ou, pour reprendre les termes d’un autre marcheur transfrontalier, Michel de Certeau, la science se donne

« des lieux propres et appropriables par des projets rationnels capables de poser (…) leurs procédures, leurs objets formels et les conditions de leur falsification».9

Poser les questions pour lesquelles on s’est donné les moyens de répondre, ce n’est déjà pas rien, et l’expérience montre qu’il est souhaitable de ne pas trop s’écarter de cette voie.

On connaît les anciennes histoires, telle la phrénologie, au XIXesiècle, qui se consacrait à l’étude du caractère et des facultés dominantes d’un individu à partir de la forme de son crâne et de la répartition des bosses que l’on y observe ; mais faut-il vraiment remonter à des temps reculés ? n’y a-t-il pas dans cet exemple quelque parenté avec des tentatives de généticiens tentant d’isoler des gènes prédisposant à certaines formes de criminalité ou définissant l’orientation sexuelle ?10 Ou encore, tout récemment, la science a-t-elle vraiment quelque chose à dire sur les raisons qui poussent, à la fin des années 60, une journaliste allemande à s’engager dans la lutte armée ? Et pourtant, les deux scientifiques qui détenaient à l’insu de sa famille le cerveau d’Ulrike Meinhof, et qui l’ont étudié, sont formels : des « modifications cérébrales pathologiques », liées à une ancienne tumeur mal opérée, pourraient expliquer (en partie, s’empressent-ils d’ajouter) son destin.11

Certeau ne se contente pas de donner les conditions de la scientificité : il en signale aussi les limites, ce qu’elle ne peut atteindre et que pourtant, à l’inverse du ruban de Möbius, elle circonscrit de fait. Voici, dans son intégralité, le passage dont est issue  la citation précédente:

« Depuis que la scientificité s’est donné des lieux propres et appropriables par des projets rationnels capables de poser dérisoirement leurs procédures, leurs objets formels et les conditions de leur falsification, depuis qu’elle s’est fondée comme une pluralité de champs limités et distincts, en somme depuis qu’elle n’est plus de type théologique, elle a constitué le tout comme son reste, et ce reste est devenu ce que nous appelons la culture. Ce clivage organise la modernité. Il la découpe en insularités scientifiques et dominantes, sur un fond de résistances pratiques et de symbolisations irréductibles à de la pensée»9

Une « pluralité de champs limités et distincts », des « insularités scientifiques » : la science découpe et éclaire des zones du réel tout comme, dans ce « Portrait négocié » de Michel Séméniako, la lumière découpe et éclaire un œil, une bouche… Mais l’ensemble, le visage que l’on rétablit derrière ces îlots de lumière, c’est autre chose qui nous aide à nous le représenter. Le tout est inaccessible depuis chacun des îlots singuliers. C’est ce que dit Certeau : depuis que la science s’est fondée comme une pluralité de champs limités et distincts,

« elle a constitué le tout comme son reste »,

 et ce reste il l’appelle culture. Pour retrouver quelques instants le grand Cronope, Cortázar ne disait pas autre chose12 : la chose humaine considérée dans son entier, l’homme dans son monde, le monde en tant que nous l’habitons — et qu’est donc la culture ? — est inaccessible depuis chacun des îlots singuliers.

Ces insularités seraient en outre dominantes. Tout porte à penser qu’il est bien difficile à une idée de continuer d’exister sous une autre forme dès lors qu’elle est revendiquée par la science. C’est le sens de l’appel de Heidelberg, lancé en 1992 par près de quatre cents personnalités scientifiques, dont de nombreux prix Nobel, qui réagissaient à l’émergence d’une écologie se disant politique, en lui opposant la forme qu’ils jugeaient seule légitime, l’écologie en tant que discipline scientifique.

Encore plus concrètement, certaines questions visiblement mixtes, se retrouvent, par le même mécanisme, réduites à de pures questions de science. C’est le cas, notamment, des ogm. Tout d’abord, on a considéré que l’obstacle majeur à leur acceptation tenait à l’ignorance et l’irrationalité des opposants. C’est un mécanisme bien connu de ceux qui s’intéressent à l’interface sciences/publics. Toute opposition est d’abord tenue pour le résultat d’une ignorance. Participant à cette époque-là à des jury d’admission, je me souviens de candidats à une formation à la communication des sciences nous expliquant, l’un après l’autre que si les biotechnologies suscitaient des oppositions, c’était que les gens13 imaginaient qu’il allait en sortir des chimères, des moutons à cinq pattes, alors que, non, tout ce que font les biologistes c’est de remplacer un gène, là où il faut, pile au bon endroit, bien plus sûrement que ne le fait la nature,14 ce qui permettrait de produire des médicaments, de se passer de pesticides… La cause était entendue : pour balayer toute opposition à ce progrès scientifique, il suffisait de mieux diffuser les résultats de la génétique et les techniques employées, et de démontrer l’innocuité de ces produits pour la santé publique.

Ce sont les engagements de groupes sociaux, syndicaux et politiques qui ont réussi (et c’est assez rare pour être souligné) à faire admettre que la question est aussi bien économique, politique, philosophique que scientifique. La lutte anti-ogm n’est pas le seul fait d’ignorants obscurantistes, ce qui la motive est autrement plus complexe : on y trouve par exemple le refus de voir l’agriculture réduite à une chaîne industrielle qui transformerait l’agriculteur en un maillon impuissant d’une filière de production (la question posée est alors celle du statut de l’agriculture et de l’agriculteur) ; l’opposition au développement de l’appropriation par quelques grandes firmes des droits sur des semences dont on pourrait estimer qu’elles sont d’abord une propriété collective, résultant d’un travail de domestication ayant pris des millénaires à l’humanité dans son ensemble (les questions posées sont alors aussi bien politiques, qu’économiques et juridiques). Bref, il est bien difficile aujourd’hui de soutenir que derrière l’opposition aux ogm, se trouve la seule ignorance15 en matière scientifique.

Penser hors de l’aquarium

Et pourtant, l’argument seul jugé recevable, seul capable de faire adopter un moratoire ou de le suspendre, reste un argument scientifique : celui du risque sanitaire. On voit bien ici que parmi les divers points de vue possibles, tous n’ont pas une légitimité équivalente ; le statut particulier que l’on octroie au point de vue scientifique contribue à l’évacuation de tout un pan du débat démocratique, en faisant de l’expertise scientifique le seul critère qui tienne.

Dans une conférence récente,16 Brian Wynne faisait remarquer que l’une des difficultés qu’il voit apparaître en analysant la gestion/prévention des situations de crise – comme, par exemple, celle de la vache folle – est liée au fait que, pour réagir aux problèmes qui leur sont soumis, les scientifiques ont besoin de les reposer en termes scientifiques, autrement dit, de créer des situations qui ne sont pas celles de la vie courante mais rendent possible un traitement au laboratoire. Si une telle réduction du réel est nécessaire, elle ne permet cependant pas de garantir qu’on l’a épuisé. Peut-on alors affirmer avec certitude que toutes les questions, et notamment celles relatives aux contextes sociaux concrets, ont été posées ? Pour Brian Wynne, il y a ici un écueil car, plutôt que de chercher à réintroduire les questions exclues par le déroulement normal du processus d’expertise — puisqu’il demande une formulation du problème en termes adaptés au laboratoire —, la tendance est de chercher à discipliner un univers décidément trop complexe au moyen de normes et réglementations.

Tout comme dans le cas des ogm, il semble qu’une pensée extérieure à la pensée scientifique ait parfois du mal à se faire entendre sa voix au cours de la représentation du monde que nous propose la science. Si fonder les décisions sur des connaissances et des analyses argumentées a incontestablement constitué un progrès dans l’histoire humaine, il ne faudrait cependant pas qu’insensiblement, sans vraiment nous en rendre compte, nous nous mettions collectivement en situation de vivre dans un monde à l’atmosphère contrôlée, imperméable à une pensée extérieure : confinés derrière les parois d’un aquarium. Tel l’humain fasciné par l’axolotl qui, dans la nouvelle,4 se retrouve insensiblement, sans vraiment s’en rendre compte, homme dans le monde des hommes et tout entier prisonnier dans un corps d’axolotl : « Quand j'en pris conscience, je ressentis l'horreur de celui qui s'éveille enterré vivant. Au-dehors, mon visage s'approchait à nouveau de la vitre, je voyais ma bouche aux lèvres serrées par l'effort que je faisais pour comprendre les axolotls. J'étais un axolotl et je venais de savoir en un éclair qu'aucune communication n'était possible. Il était hors de l'aquarium, sa pensée était une pensée hors de l'aquarium. Tout en le connaissant, tout en étant lui-même, j'étais un axolotl et j'étais dans mon monde. »4

Alors, finalement, comment parvenir à vivre en harmonie avec la science et non lui survivre ? Pour Bernadette Bensaude-Vincent, nous avons aujourd’hui besoin « d’avoir le courage de nos opinions »17. Avoir le courage de ses opinions, c’est-à-dire :

« le courage d’exercer la faculté de penser par soi-même, de former son propre jugement, sans avoir pleine connaissance de cause. »17

 Oser penser par soi-même et ne pas laisser les experts penser pour nous. D’ailleurs, insulaires qu’ils sont dans leurs îlots de lumière, même les experts ont à juger en méconnaissance de cause18… Et pour en avoir le courage, il faut peut-être la réhabiliter, cette opinion que Bachelard avait exclue d’un :

« l’opinion ne pense pas, ellepensemal »,19

sans appel. Il fallait la détruire, c’était l’obstacle à surmonter. Mais la science a-t-elle vraiment besoin de se construire contre l’opinion ? Ce que les historiens comme Bernadette Bensaude-Vincent nous montrent, c’est qu’il n’en a pas toujours été ainsi et que, dans la triade science, public, opinion, les alliances ont été changeantes. Ils nous montrent aussi c’est qu’à une opinion disqualifiée, correspond toujours une science autoritaire. Peut-être est-il temps de passer à une science démocratique et une opinion active ? Le risque, sinon, est d’aboutir à une démocratie qui se vide de sa substance mais aussi à une science qui perde de son autorité ; car l’on oublie bien souvent, jusqu’à ce qu’une élection vienne nous le rappeler avec fracas, que toute autorité repose sur une adhésion.20

Mais comment adhérer à un projet humain qui ne se laisse approprier que si l’on s’engage à n’y pas toucher ? Car les énoncés que produisent les scientifiques, ceux-là mêmes que l’on entend faire circuler au moyen de films, d’expositions, de presse spécialisée et d’opérations nationales, sommes-nous vraiment autorisés à nous en emparer, peuvent-ils vraiment devenir une propriété collective ou restent-ils toujours celle des seuls scientifiques ? La science semble là encore bénéficier d’un régime d’exception,21 les scientifiques gardant structurellement un droit de regard sur ce qu’il advient des énoncés qu’ils produisent (alors qu’ils sont moins jaloux du devenir de leurs productions matérielles ou matérialisables). La seule lecture légitime des énoncés scientifiques est la lecture littérale, c’est-à-dire celle des professionnels autorisés, et c’est bien pour cette raison que les films, les expositions, la presse à caractère scientifique sont dotés de comités idoines (dits le plus souvent comités scientifiques) qui garantissent le sérieux, la fidélité, de ce qui est présenté ; c’est pour cette raison sans doute que les structures culturelles à caractère scientifique dépendent dans ce pays, non du ministère de la Culture, mais de celui chargé de la Recherche ; c’est probablement pour cette raison que, sur tout ce qui touche aux sciences et aux techniques, ne peut parler que celui qui justifie d’une compétence minimale. On multiplie donc les opérations visant à diffuser les connaissances scientifiques. Diffuser signifie faire comprendre, et comprendre comme il faut. D’où la question récurrente dans le secteur de la culture scientifique et technique : que le public ait bien compris – quand il pourrait aussi faire tant d’autres choses…

Bref, nous pouvons reprendre les concepts élaborés par les scientifiques si nous en respectons la lettre. Seule l’orthodoxie est permise ; toute trahison est exclue, dût-elle se révéler féconde dans le lieu d’arrivée. En matière de science, partager le savoir ne signifie pas en laisser le libre usage. Obstacles à la pénétration d’une « pensée hors de l’aquarium »4, les parois de verre se révèlent contrôler aussi la bonne circulation des énoncés.

Pour une science ouverte

Un tel enfermement est-il inéluctable ? Puisque Prose de l’observatoire et son auteur ont servi de fil rouge à ce texte, retournons-y un instant. On pourrait croire, en lisant les citations qui le jalonnent que, plus que critique de science, Cortázar était surtout critique sur la science. Il n’en est rien. D’une part, puisque son intérêt envers la science (entre autres !) est patent. Il suffit de rappeler que le chapitre 62 de Marelle5 — qui peut être considéré comme le programme qui sera mis en œuvre lors de l’écriture du roman suivant, 62, maquette à monter — est tout entier consacré aux résultats des travaux de neurobiologistes suédois dont Cortázar fera libre usage en les transposant en choix littéraires : réactions en chaîne des personnages inexplicables avec les notions psychologiques en usage dans la littérature, changement continuel du narrateur et du lieu de l’action sans indication au lecteur. Mais aussi, d’autre part, puisqu’une autre figure de scientifique apparaît dans Prose de l’observatoire : celle du sultan Jai Singh, astronome et homme d’État. S’il est moins présent dans le corps du texte, il le hante par le biais des photographies de l’observatoire qu’il fit construire à Jaipur (tout comme ceux de Delhi, Varanasi, Ujjain et Mathura). Jai Singh, figure historique, fut sans doute un « despote vain et oubliable »,* mais Jai Singh, astronome, incarne pour Cortázar une pratique de la science bien différente.

Ce n’est pas dans ce que fait ou qui fait agir au quotidien le scientifique que réside la différence :

« mesurer, compter, comprendre, faire partie, entrer, mourir moins pauvre, s’opposer corps à corps à cet insondable tacheté, lui arracher un lambeau de déchiffrement, le percer, au pire des cas, de la flèche de l’hypothèse, de la prévision de l’éclipse, rassembler en un point mental les rênes de cette multitude de chevaux scintillants et hostiles »,* ceci pourrait être, aujourd’hui encore, revendiqué par bien des chercheurs. Il ne s’agit pas non plus « de panthéisme diffus (…), ni de dissolution dans le mystère : les astres sont mesurables, les rampes de Jaipur gardent encore la trace des burins mathématiques, cages d’abstraction et de connaissance. »*

Pour Cortázar, et « sans autre preuve que les machines de marbre »,* la différence entre la quête de Jai Singh et une forme de science qu’il juge abusive est double et doublement fondamentale. Pour lui, Jai Singh est

« celui qui cherche la mesure des étoiles, non pour savoir, non pour quoi que ce soit ; quelque chose comme un coup d’aile, un reflux, une plainte amoureuse. »*

 Refusant l’utilitarisme, sa science est, au contraire, aussi gratuite que l’état amoureux. Mais encore,

« ces machines ne furent pas seulement érigées pour mesurer le cours des astres, pour domestiquer tant d’éloignement insolent ; (…) ces machines firent face à un destin imposé du dehors, au pentagone de galaxies et de constellations colonisant l’homme libre, (…) et tout ce qu’il [Jai Singh] mesura, classa, nomma, toute son astronomie sur parchemins enluminés était une astronomie de l’image, une science de l’image totale, un saut de la veille vers le présent, de l’esclave de l’astrologie vers l’homme qui dialogue debout avec les astres. »*

Dans cet ailleurs géographique et temporel qui vit la construction de l’observatoire, la science de Jai Singh ne cherche à discipliner ni les hommes, ni l’univers. Bien au contraire, ce qui la caractérise, c’est le défi, la transgression, le refus de l’aquarium qui, alors,22 régissait le monde. Gratuite à l’instar de l’amour, elle est transgressive à l’image de l’érotisme – deux métaphores développées dans le texte.

Ce n’est donc pas la science que dénonçait Cortázar, mais une science : celle qui céderait à la tentation de nous enfermer en se renfermant, qui oublierait qu’elle est une des modalités de l’entendement humain avant que d’être instrument. Il lui oppose l’image d’une science ouverte, non-utilitaire et libératrice, suffisamment confiante pour admettre le dialogue avec les figures de l’Art, de la Science et du Social que, sur le ruban de Möbius, il invite à la conciliation.

Si l’on voit bien l’intérêt que l’homme, avec la diversité de ses points de vue, y trouverait, on peut se demander ce qui motiverait les scientifiques à aller vers une telle science ouverte. Peut-être, l’aquarium devenant inutile, trouveraient-ils quelque stimulation épistémique à écouter les questions qui n’y entrent pas jusqu’ici, à redécouvrir les énoncés qu’ils ont eux-mêmes produits, et qui, désormais, pourraient revenir éclairés différemment ? Peut-être, assumant le fait que l’activité scientifique ne se réduit pas à une fonction dont l’utilité se proclame et se programme, mais qui est toujours à renégocier, trouveraient-ils les arguments qui, au-delà de l’intérêt économique immédiat, au-delà d’un fantasme de maîtrise totale, justifient une utilité sociale de la recherche ? Y aurait-il là deux premiers pas vers ce que Cortázar appelait de ses vœux : que

« l’homme [puisse] occuper sa place dans cette danse jubilante que nous appellerons un jour réalité » ?

Notes de bas de page numériques

1 . Julio Cortázar, Prose de l’observatoire, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon, Gallimard, Paris, 1988 (1ère publication, Barcelone, 1972).

2 . Dans la suite du texte, j’emploierai principalement le mot science au singulier : la science, celle à laquelle on a fort envie de mettre une majuscule de majesté. D’une part, c’est la terminologie de Cortázar mais encore, d’autre part, de même que les scientifiques qui apparaissent dans Prose de l’observatoire, ceux d’aujourd’hui comme ceux d’hier, sont à prendre plus comme des figures archétypales que comme des personnes précises (« il va sans dire, déclare Cortázar en introduction, que si les ichtyologues que je cite lisent ces pages, ce qui est peu probable, ils ne devront pas y voir la moindre allusion personnelle : tout comme les anguilles, Jai Singh ou moi-même, ils font partie d’une image qui ne désigne que le lecteur »), la science désigne ici davantage le projet humain dans son ensemble que chacun de ses modes concrets de réalisation.

3 . Toutes les citations suivies d’une astérisque se réfèrent à Prose de l’observatoire.

4 . Julio Cortázar, « Axolotl », dans Les armes secrètes, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon, Gallimard, Paris, 1963.

5 . Julio Cortázar, Marelle, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon et Françoise Rosset, Gallimard, Paris, 1966.

6 . Milan Kundera, L’art du roman, Gallimard, Paris, 1986. Réédition collection Folio, 1995.

7 . Juan José Saer, El concepto de ficción, Ariel, Buenos Aires, 1997.

8 . L’espagnol emploie ici le terme entretenimiento, suffisamment proche de l’anglais entertainment pour renvoyer implicitement à toute une tradition critique.

9 . Michel de Certeau, L’invention du quotidien. 1. Arts de faire, UGE, Paris, 1980. Nouvelle édition, Gallimard, Folio Essais, Paris, 1990.

10 . Voir les travaux controversés de Dean Hamer et son équipe. Dean H. Hamer, Stella Hu, Victoria L. Magnuson, Nan Hu, et Angela M. L. Pattatucci, « A Linkage Between DNA Markers on the X Chromosome and Male Sexual Orientation », Science, vol. 261, pp. 321-27, 1993.

11 . Pour de plus amples détails voir, par exemple, Amélie de Mauraige, « Cerveaux rouges sous le scalpel », Le Monde, 22 novembre 2002 ; ou Yann Ollivier, « Vingt-six ans après la mort d’Ulrike Meinhof, son cerveau refait surface », AFP, Berlin, 13 novembre 2002. L’article du Monde précise en outre que « Lundi 18 novembre, l’hebdomadaire allemand [Der Spiegel] affirmait que le cerveau d’Andreas Baader, l’un des chefs de file de la Fraction armée rouge (RAF), s’était envolé du laboratoire où il était conservé depuis dix ans pour analyses scientifiques. Les cerveaux de deux autresmembres du mouvement, Gudrun Ensslin et Jan-Carl Raspe, auraient également disparu peu de temps avant du même institut. »

12 . Il en offre d’ailleurs une illustration drolatique dans Instructions pour monter un escalier où il décrit avec une minutie extrême, comme s’il s’agissait de choses absolument inconnues et encore innommées, les éléments d’un escalier (« le sol parfois se plie de telle façon qu’une partie monte à angle droit avec le plan du parquet et que la partie suivante redevient parallèle à ce premier plan, cela pour donner naissance à une nouvelle perpendiculaire »), les gestes et les parties du corps (« on commence par lever cette partie du corps située en bas à droite et généralement enveloppée de cuir ou de daim ») mobilisés dans cet acte mille fois répété. Ce qui, au fil du texte, et précisément du fait de cette segmentation et de cette précision minutieuse, s’échappe et nous fait glisser dans l’absurde, c’est la signification de l’objet et de l’acte considérés dans leur globalité : monter ? quoi ? (Julio Cortázar, Cronopes et Fameux, traduit de l’espagnol par Laure Guille-Bataillon, Paris, Gallimard, 1977. )

13 . Cet euphémisme commode pour désigner les autres, ceux dont on s’exclut car ils sont, forcément, moins avisés que nous.

14 . L’argument reste en usage chez certains scientifiques.

15 . Ignorance, en outre, loin d’être démontrée car, ici comme ailleurs (par exemple, les associations de malades),  les acteurs mobilisés dans les controverses publiques se révèlent parfois bien plus savants qu’ignorants sur les questions qui les rassemblent.

16 . Brian Wynne : « Normative discourses of actor-worlds: Lay and expert accounts on science and policy », Communication au symposium Shifting boundaries - constructing narratives: In quest of new meanings for science in society, 26 mai 2003, Collegium Helveticum, eth Zürich

17 . Bernadette Bensaude-Vincent, L’opinion publique et la science : à chacun son ignorance, Sanofi / Synthélabo, coll. Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2000.

18 . C’était le sens de l’article de Jean-Marc Lévy-Leblond dans le numéro inaugural de la revue Public understanding of science. Jean-Marc Lévy-Leblond, « About misunderstandings about misunderstandings », Public Understand. Sci., 1, 17-21, 1992.

19 . Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique – contribution à une psychanalyse de la connaissance objective, Vrin, Paris, 1989 (première édition, 1938).

20 . Michel de Certeau le décrit superbement dans un texte de 1969 qui, à plus d’un titre, prend aujourd’hui une sonorité étrange : « Un exil se produit. (…) Ce qui émigre, avec éclats et protestations quelquefois, mais plus souvent sans bruit et comme une eau qui fuit, c’est l’adhésion – celle de citoyens, celle d’inscrits à un parti ou à un syndicat, celle de membres d’une église. L’esprit même qui animait les représentations les quitte. Il n’a pas disparu. Il est ailleurs, parti à l’étranger, loin des structures que son départ change en spectacles désolants ou en liturgies de l’absence. Et si tant de personnages importants prennent aujourd’hui un ton vengeur ou pleureur pour protester devant le ciel contre un temps dénué de vertus, ce n’est pas, selon l’image du prophète, qu’un esprit n’existe plus ; c’est seulement qu’il n’habite plus avec eux. Il ne manque pas. Il leur manque. (…) Sur les résultats, les pontifes voient leurs noms barrés sans connaître la main qui les a biffés, ni comprendre pourquoi. Ceux qu’ils étaient censés représenter et dont ils avaient fait une propriété leur sont devenus étrangers ; ils sont partis ailleurs. Et c’est une chance lorsque ce départ laisse des traces. Combien de pontifes sont abandonnés, décapités en silence, et ne le savent pas encore ! leur pouvoir fonctionne de manière qu’ils ne se rendent pas compte de la vie sourde, des interrogations neuves, des aspirations immenses dont le bruit s’éloigne pour n’être plus qu’un objet de crainte, de précautions et de tactiques. » (Michel de Certeau, « Les révolutions du croyable », dans La culture au pluriel, Paris, Seuil, 1993).

21 . Jean-Marc Lévy-Leblond parle de « statut d’extraterritorialité ».

22 . Ce sont les astrologues qui, alors, étaient consultés par les responsables pour prendre les décisions ; sauf exception, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a donc une différence fondamentale entre lutter alors contre l’astrologie et le faire de nos jours.

Annexes

Prose de l’observatoire

[extraits]

« Que cherche cet homme qui ne s’accepte pas quotidien, étiqueté ouvrier ou penseur, qui ne s’accepte ni veille ni ingrédient géopolitique, qui ne veut pas le présent révisionniste qu’un parti ou une bibliographie lui promettent en guise d’avenir (…) ; pour lui, et pour bien d’autres comme lui, un dessin de la réalité (…) ondule sur lui-même dans l’anneau de Möbius des anguilles, avers et revers réconciliés, ruban de la concorde dans la nuit rousse d’astres et de poissons. Image d’images, saut qui laisse derrière lui une science et une politique d’acnée, de drapeau, de langage et de sexe enchaînés : à partir de l’ouvert nous en finirons avec la prison de l’homme, l’injustice, la colonisation, les dividendes, Reuter et toute la suite. (…) Thomas Mann a dit une fois que les choses iraient mieux si Marx avait lu Hölderlin ; et bien, voyez-vous, (…) moi je crois avec Lukács qu’il eût été également nécessaire qu’Hölderlin lise Marx (…). Descendez dans la rue, respirez l’air des hommes qui vivent et non pas celui de la théorie des hommes dans une société meilleure ; dites-vous parfois que dans le bonheur il y a autant de choses que dans une ration de protéines ou de temps libre, ou de souveraineté (cependant Hölderlin doit lire Marx, à aucun moment il ne faut oublier Marx, les protéines sont une des facettes de l’image, et comment qu’elles le sont, mais alors facette de l’image tout entière, de l’homme dans son jardin véritable, et non pas dans un schéma de l’homme sauvé de la malnutrition ou de l’injustice). Peut-être les gouvernants de la progression pour laquelle nous donnons tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, peut-être les chefs et les hommes de science finiront-ils par émerger à l’ouvert, par accéder à l’image où tout est en attente ; en ce même instant les jeunes anguilles arrivent aux bouches des fleuves européens, elles vont commencer leur assaut fluvial ; (…) mais l’ouvert demeure là, pulsation d’astres et d’anguilles, anneau de Möbius d’une figure du monde où la continuation est possible, où avers et revers cesseront de se déchirer, où l’homme pourra occuper sa place dans cette danse jubilante que nous appellerons un jour réalité. »

Julio Cortázar
Paris – Saignon 1971

Pour citer cet article

Andrée Bergeron, « La danse jubilante, ou Cortázar critique de science », paru dans Alliage, n°57-58 - Juillet 2006, La danse jubilante, ou Cortázar critique de science, mis en ligne le 02 août 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3565.

Auteurs

Andrée Bergeron

Maître de conférences au Palais de la découverte et chercheur au Cerlis (Paris 5/CNRS), ses travaux portent essentiellement sur les relations entre mondes scientifiques et mondes culturels. Elle est, par ailleurs, animatrice d’ateliers d’écriture.