Alliage | n°60 - Juin 2007 Que prouve la science-fiction ? |  I. Retours sur les figures classiques 

Sylvie Allouche  : 

Identité, ipséité et corps propre en science-fiction

une discussion à partir de Paul Ricœur, Derek Parfit et Greg Egan

Plan

Texte intégral

Je discuterai certaines thèses présentées par Paul Ricœur dans les cinquième et sixième études de Soi-même comme un autre1en m’intéressant tout particulièrement à la façon dont il traite des puzzling cases de Derek Parfit et de la science-fiction. Voici l’une des formules qui cristallisent le mieux les questions en jeu :

« Les variations imaginatives de la science-fiction sont des variations relatives à la mêmeté, tandis que celles de la fiction littéraire sont relatives à l’ipséité, ou plus exactement à l’ipséité dans son rapport dialectique à la mêmeté. »2

Le cœur de la discussion ne portera pas sur les thèses principales que développe Paul Ricœur dans ces études, mais sur un aspect secondaire de celles-ci, en tout cas de son point de vue, à savoir ce qu’il désigne par « science-fiction ». Comme en outre une part importante de son argumentation consiste à discuter les expériences de pensée mises en œuvre par Derek Parfit dans Reasons and Persons, je m’intéresserai aussi à cet ouvrage en examinant la critique qui en est faite. Les textes de Greg Egan serviront de pierre de touche pour juger de ce que peut ou ne peut pas la science-fiction.

Identité-mêmeté,  identité-ipséité, identité narrative

Soi-même comme un autre, et plus précisément les cinquième et sixième études, intitulées respectivement « L’identité personnelle et l’identité narrative » et « Le soi et l’identité narrative », sont étroitement liées, comme le souligne lui-même Paul Ricœur, à un autre de ses ouvrages, Temps et récit :

« La question de l’identité liée à celle de la temporalité sera reprise au point où l’avait laissée Temps et récit, sous le titre de l’identité narrative mais avec des ressources nouvelles procurées par l’analyse de l’identité personnelle en fonction de critères objectifs d’identification. »3

Dans Temps et récit, Paul Ricœur avait introduit la notion d’identité narrative à l’occasion d’une discussion sur le sens du temps dans les récits de fiction ; dans Soi-même comme un autre qui porte principalement sur la question de l’identité, il développe à nouveau ce concept en l’explicitant :

« Je me propose de remettre ici en chantier la théorie narrative, non plus dans la perspective de ses rapports avec la constitution du temps humain, comme il a été fait dans Temps et récit, mais de sa contribution à la constitution du soi »,4 

l’idée clé étant que l’identité narrative fait le lien entre l’identité-mêmeté et l’identité-ipséité. Mais que doit-on entendre exactement par ces concepts ? La thèse principale de Soi-même comme un autre, exposée par l’auteur dès la préface, consiste à dire que la notion d’identité doit être entendue en deux sens différents, d’une part, l’identité-mêmeté et d’autre part, l’identité-ipséité. La première correspond à l’identité au sens latin d’idem et la seconde au sens latin d’ipse, distinctions que l’on retrouve en anglais et en allemand :

« D’un côté, l’identité comme mêmeté (latin : idem ; anglais : sameness ; allemand : Gleichheit), de l’autre, l’identité comme ipséité (latin : ipse ; anglais : selfhood ; allemand : Selbstheit). »5

La différence entre les deux concepts est mise en lumière par deux modèles de permanence de soi dans le temps, la permanence du caractère, d’une part, et la fidélité à soi dans la parole tenue, d’autre part ; alors que la première

« exprime le recouvrement quasi complet l’une par l’autre de la problématique de l’idem et de celle de l’ipse,6 [la seconde] atteste pleinement l’irréductibilité des deux problématiques l’une à l’autre »7

et donc la distinction fondamentale entre mêmeté et ipséité. Autrement dit, si l’on peut éventuellement faire l’erreur de considérer que l’identité personnelle se réduit au caractère et s’enlever ainsi le moyen de faire la distinction entre mêmeté et ipséité, en revanche, l’expérience de la parole tenue offre la possibilité de découvrir la distinction fondamentale entre ces deux identités. La façon dont l’identité narrative opère le lien entre identité-ipséité et identité-mêmeté trouve alors sa place, l’irréductibilité des problématiques propres à chacune étant justement mise en évidence par l’intervention de l’identité narrative

« dans la constitution conceptuelle de l’identité personnelle, à la façon d’une médiété spécifique entre le pôle du caractère, où idem et ipse tendent à coïncider, et le pôle du maintien de soi, où l’ipséité  s’affranchit de la mêmeté. »8

Les expériences de pensée sur l’identité personnelle de la philosophie analytique

Les trois concepts-clés d’identité tels que les définit Paul Ricœur étant mis en place, on peut maintenant passer à l’analyse de sa critique des expériences de pensée sur l’identité personnelle telles qu’elles apparaissent dans Reasons and persons de Derek Parfit. L’idée centrale de Ricœur à leur sujet consiste à dire que l’auteur, et avec lui l’ensemble de la tradition de philosophie analytique qui s’est penchée sur la notion d’identité personnelle,9 est passé à côté de la notion d’ipséité, en ne la distinguant pas, comme il aurait fallu le faire, de la mêmeté :

« C’est bien sous cette unique rubrique [de l’identité-idem] que les théories analytiques que nous examinerons plus loin abordent la question de l’identité personnelle et les paradoxes qui s’y rattachent. »10

 Les objections susceptibles d’être opposées à Ricœur peuvent alors se faire sur différents fronts : on peut soutenir que la philosophie analytique tient parfaitement compte de l’ipséité, ou bien l’on peut, en amont de l’argumentation, remettre en cause le bien-fondé même de la distinction ricœurienne entre mêmeté et ipséité. Ce ne sont pas les stratégies que je suivrai, même si incidemment j’abordais ces questions ; je montrerai plutôt que, à supposer même que les deux thèses évoquées soient vraies, Ricœur se trompe en disant que la science-fiction ne rend pas compte de façon satisfaisante de l’ipséité et du corps propre.11 Mais quel rapport entre la philosophie analytique et la science-fiction ? Le lien n’est pas forcément immédiat, mais Ricœur le fait, et c’est justement la façon dont il s’y prend que je souhaite discuter.

Télétransportation et manipulations du cerveau chez Derek Parfit

Cependant, avant d’aborder de front la question du traitement de la notion de « science-fiction » par Ricœur, je présenterai une première faille de son argumentation contre l’usage analytique des puzzling cases. Celle-ci provient d’une erreur factuelle concernant le rôle joué par le cerveau dans l’expérience de pensée « téléportative » que présente Derek Parfit dans Reasons and persons. Le livre est mal connu en France, mais l’une de ses plus célèbres caractéristiques est que la troisième partie s’ouvre sur une expérience de pensée commençant par la phrase, étonnante dans un livre de philosophie :

« I enter the Teletransporter »12 — J’entre dans le télétransporteur.

 Ricœur rappelle donc le scénario imaginé par Derek Parfit et ajoute :

« Quelle présupposition préside à la fabrication de ce puzzling case et de bien d’autres plus ingénieux les uns que les autres ? (…) il s’agit de manipulations de haute technologie exercées sur le cerveau,tenu pour l’équivalent de la personne.»13

Or, cette affirmation est tout simplement fausse ; en fait, dès le moment où Ricœur a commencé de rapporter le puzzling case de Parfit, il commet une erreur en affirmant que seul le cerveau est copié et il accumule ensuite les inexactitudes.14 Car, comme l’atteste le texte de Parfit lui-même, c’est bien l’ensemble du corps du protagoniste qui est scanné : 

« The Scanner here on Earth will destroy my brain and body, while recording the exact states of all my cells. It will then transmit this information by radio. Travelling at the speed of light, the message will take three minutes to reach the Replicator on Mars. This will then create, out of new matter, a brain and body exactly like mine. It will be in this body that I shall wake up. »15

Après quelques hésitations, le narrateur a fini par se décider à utiliser le télétransporteur, et nous donne ce faisant la confirmation que c’est bien l’ensemble du corps qui est télétransporté, et pas seulement le cerveau :

« I press the button. As predicted, I lose and seem at once to regain consciousness, but in a different cubicle. Examining my new body, I find no change at all. Even the cut on my upper lip, from this morning’s shave, is still there.»16

Il n’y a pas de doute, c’est bien l’ensemble de la personne, avec tout son corps qui a été télétransporté, ou plutôt recréé, mais la distinction n’importe pas pour notre argument, et pas seulement son cerveau.

Alors pourquoi Ricœur mentionne-t-il des manipulations sur le cerveau ? La raison en est très vraisemblablement que dans la suite du texte, et fidèlement à une tradition qui remonte au moins à Sidney Shoemaker,17 la plupart des expériences de pensées que présente Parfit sont effectivement des manipulations directes du cerveau, comme dans le William’s Example18ou My Physics Exams.19On comprend alors pourquoi Ricœur commet une erreur, mais il reste que l’exemple qu’il commente ne correspond justement pas à ce qu’il a en vue. On peut alors se demander si le fait que certaines expériences de pensée, ou au moins l’une d’entre elles, intègrent l’ensemble du corps ne remet pas en cause une partie de l’argumentation de Ricœur lequel fonde sa critique sur la prétendue focalisation de la philosophie analytique sur le cerveau, indépendamment du reste du corps.20

Science-fiction et puzzling cases

Mais venons-en au cœur de notre propos. Un certain nombre d’hésitations dans le vocabulaire sur la science-fiction et certaines formulations de Paul Ricœur suggèrent que pour lui, la science-fiction ne serait pas une littérature. Surtout, l’usage très approximatif qu’il fait du mot « science-fiction » le conduit au mieux à passer à côté de développements intéressants sur les questions qui l’occupent, au pire à dire des choses tout simplement fausses. Pour le montrer, je me livrerai à une véritable analyse de texte en relevant, dans les cinquième et sixième études de Soi-même comme un autre, les occurrences du terme « science-fiction » et des formulations associées.

La première occurrence que je relève est parfaitement acceptable :

« À cet égard, l’invention de puzzling cases avec le secours de la science-fiction (…) exerce une fonction stratégique si décisive [etc.] »21

 Parfit s’inspire donc, cela semble effectivement évident, de la science-fiction pour élaborer ses puzzling cases et Ricœur paraît avoir conscience du fait que ces expériences trouvent leur origine dans un genre littéraire autonome qui existe indépendamment d’elles. Mais dès la page suivante, apparaissent les prémices du glissement conceptuel à venir, tandis que Ricœur commence à élaborer son opposition centrale entre les puzzling cases de Parfit et la notion d’identité narrative  qu’il propose :

« Nous-mêmes serons conduits à assigner une place considérable à l’équivalent des puzzling cases de Parfit, dans le cadre d’une conception narrative de l’identité personnelle. »22

Est suggérée ici une opposition entre les puzzling cases de Parfit et la notion d’identité narrative qui ne soulève en soi aucun problème particulier. Le moment crucial de glissement de vocabulaire se trouve à la page suivante :

« On y reviendra plus tard, lorsque l’on comparera les cas de science-fiction aux fictions littéraires d’ordre narratif. »23

À première vue, Ricœur ne semble pas en dire beaucoup plus que dans la phrase précédente, qui est sur le même mode d’une annonce de l’opposition entre identité narrative et puzzling cases que l’auteur développera quelques pages plus loin. Mais les variations dans les formulations conduisent Paul Ricœur à dire quelque chose qui est déjà quasiment faux, à strictement parler, dans la mesure où la formulation suggère presque ici, et ce sera confirmé dans la suite, que « science-fiction » s’opposerait à « fiction littéraire ». Ce qui était désigné deux pages plus tôt par « puzzling cases avec le secours de la science-fiction » est abrégé en « cas de science-fiction », ce qui est encore admissible ; mais dans le contexte où est intégrée cette substitution, en elle-même admissible, elle conduit Ricœur à formuler une phrase qui, sans être encore contradictoire, est, si l’on peut dire, à l’orée de la contradiction ; en substituant la formule ramassée « les cas de science-fiction », et en l’opposant à « fictions littéraires d’ordre narratif », il est près d’énoncer un contre-sens, dans la mesure où la science-fiction est aussi, d’abord et avant tout, une « fiction littéraire d’ordre narratif ».

Science-fiction et littérature

Cependant, à ce stade, en dépit de l’ambiguïté, le lecteur peut encore comprendre que « les cas de science-fiction » désignent les cas dont Paul Ricœur a parlé plus tôt et non « les cas de science-fiction » en général. On pourrait donc légitimement reprocher à l’analyse conduite jusqu’ici de s’attacher à des détails sans importance, si ce glissement progressif de vocabulaire ne conduisait ensuite Ricœur, poursuivant sa généralisation, à des formulations de plus en plus incertaines :

« Ce sera une des fonctions de la comparaison ultérieure entre science-fiction et fiction littéraire de remettre sur le chantier. [etc.] »24

L’auteur formule ici une opposition entre science-fiction et fiction littéraire, qui est fausse du point de vue de la langue courante. Le glissement conceptuel illicite est donc mené à son terme. L’auteur aurait dû à un moment dire quelque chose comme :

« J’entendrai par science-fiction les puzzling cases de Parfit et uniquement ceux-ci. » ;

il ne le fait pas, ce qui nuit non seulement à la clarté, mais, plus grave encore, à la cohérence et à la véracité de son discours. Bien sûr, le lecteur attentif et de bonne volonté peut lui-même remédier à cette lacune et, allant contre la langue courante, admettre que « science-fiction » et « fiction littéraire » peuvent légitimement être opposées, car, en fait, Paul Ricœur, même s’il ne l’a pas dit explicitement, entend par « science-fiction » les puzzling cases de Parfit et uniquement ceux-ci ; bien sûr, le lecteur doit appliquer le principe de charité. Cependant, l’amateur de science-fiction, persuadé en outre de la valeur philosophique du genre, peut aussi se lasser d’être charitable quand il rencontre de façon répétée ces formulations qui stricto sensu sont contradictoires et fausses :

« (…) Une occasion remarquable sera ainsi offerte de confronter les ressources respectives de la fiction littéraire et de la science-fiction (…) »25

« En ce sens, on peut dire que les variations imaginatives de la science-fiction sont des variations relatives à la mêmeté, tandis que celle [sic] de la fiction littéraire sont relatives à l’ipséité, ou plus exactement à l’ipséité dans son rapport dialectique à la mêmeté. »26

«Aussi longtemps que la ligne de partage passait entre les cas troublants de la fiction littéraire et les puzzling cases de la science-fiction, les premiers exerçaient une sorte de fonction apologétique au bénéfice de l’ipséité et aux dépens de sa confusion avec la mêmeté. »27

Et non pourtant, la science-fiction est aussi une littérature ; elle ne se réduit pas aux expériences de pensée de Parfit et elle ne tombe pas tout entière sous le coup des critiques que Paul Ricœur en fait, à supposer qu’elles soient justifiées à l’égard de Parfit. Le problème vient donc de ce que Ricœur désigne par science-fiction, par souci de brièveté sans doute, quelque chose qui n’est pas la science-fiction au sens courant du terme et réduit ainsi, dans la plupart de ses formulations, la science-fiction aux puzzling cases construits par Derek Parfit, rendant substituables sans le poser explicitement deux expressions qui ne le sont pas a priori. La science-fiction au sens courant est une littérature, elle ne se résume pas aux puzzling cases de Parfit, et même si elle peut inclure de telles constructions, voire si l’on peut considérer qu’elles en sont un élément constitutif, elle paraît non sous forme de recueils de cas ou de traités philosophiques, mais justement sous forme de récits narratifs, et même en décline une variété d’espèces tout à fait propre : romans, nouvelles, mais aussi novellas, cycles, short short stories, etc ; elle possède donc, éminemment, l’une des caractéristiques fondamentales de la « fiction littéraire » chère à Ricœur : elle est narrative.

Littérature et philosophie

L’usage discutable du mot science-fiction par Paul Ricœur est d’autant plus regrettable que les thèses qu’il présente dans ces mêmes études sur la fonction philosophique de la littérature, dans ses rapports en particulier avec l’éthique, s’appliquent parfaitement à la science-fiction, voire mieux peut-être, cela pourrait légitimement se défendre, à celle-ci qu’aux autres formes de littérature. Un premier aspect de cette fonction concerne sa dimension de variation imaginative : la littérature consiste en effet, nous dit Ricœur,

« en un vaste laboratoire pour des expériences de pensée où sont mises à l’épreuve du récit les ressources de variation de l’identité narrative. »28

 Alors que l’on pourrait croire qu’il s’agit ici d’une définition de la science-fiction, ce n’est justement pas d’elle que parle Ricœur :

 « (…) c’est dans la fiction littéraire que la jointure entre l’action et son agent se laisse le mieux appréhender, et que la littérature s’avère un vaste laboratoire pour des expériences de pensée où cette jonction est soumise à des variations imaginatives sans nombre.»29

La deuxième caractérisation philosophique de la littérature proposée par Ricœur concerne son rapport à l’éthique :

 «(…) Il n’est pas de récit éthiquement neutre. La littérature est un vaste laboratoire où sont essayés des estimations, des évaluations, des jugements d’approbation et de condamnation par quoi la narrativité sert de propédeutique à l’éthique. »30

« Mais, dans l’enceinte irréelle de la fiction, nous ne laissons pas d’explorer de nouvelles manières d’évaluer actions et personnages. Les expériences de pensée que nous conduisons dans le grand laboratoire de l’imaginaire sont aussi des explorations menées dans le royaume du bien et du mal. Transvaluer, voire dévaluer, c’est encore évaluer. Le jugement moral n’est pas aboli, il est plutôt lui-même soumis aux variations imaginatives propres à la fiction. »31

Ricœur dégage donc deux caractéristiques philosophiques distinctes mais reliées de la littérature : elle constitue une forme de variation imaginative, et ceci lui permet d’exercer le jugement moral de son lecteur. Or, contrairement à ce que suggère (ou ne suggère pas, puisqu’il ne désigne pas correctement la science-fiction) Ricœur, ces deux caractéristiques attachées à la littérature générale s’appliquent tout à fait à la science-fiction. Je défendrai cette double thèse en en discutant une troisième, qui porte plus précisément sur la façon dont le corps propre et l’ipséité sont pris en compte dans la science-fiction.

Corps propre et ipséité

Selon Paul Ricœur, un aspect fondamental de l’ipséité réside dans la notion de corps propre. Que faut-il entendre par là ? Quelque chose d’assez simple et immédiat en fait : parmi l’ensemble des corps qui sont dans le monde, choses inertes, choses vivantes, objets artificiels, etc., il en existe un avec lequel j’ai un rapport tout particulier de possession ; ce corps est le mien : au « corps comme mien »32 s’oppose mon corps comme « corps parmi les corps ».33 L’étroitesse de relation que j’ai avec lui peut même me conduire à soutenir que « je suis ce corps » ou plutôt que « je suis mon corps ». Mais restons-en à la formulation courante, moins radicale, j’ai un corps, ce corps est le mien. S’il y a bien quelque chose de l’ordre de la mêmeté dans la notion de corps, le point crucial reste que l’existence d’un corps propre apparaît comme l’expression la plus manifeste de  l’ipséité :

 « (…) L’appartenance de mon corps à moi-même constitue le témoignage le plus massif en faveur de l’irréductibilité de l’ipséité à la mêmeté. Aussi semblable à lui-même que demeure un corps (…), ce n’est pas sa mêmeté qui constitue son ipséité mais son appartenance à quelqu’un capable de se désigner lui-même comme celui qui a un corps. »34

Donc, corps propre et ipséité renvoient l’un à l’autre, et contrairement sans doute à une première intuition, ce n’est pas avec la mêmeté que doit primordialement être associé le corps. Paul Ricœur souligne alors le fait que dans la littérature, du moins celle qu’il reconnaît comme telle, ce corps propre n’est jamais remis en cause, la condition corporelle restant un invariant autour duquel se déploient les variations imaginatives de la fiction. Seule alors la fiction littéraire est susceptible de rendre compte de l’identité comme ipséité et, au contraire :

« Il est clair que les fictions de Parfit, à la différence des fictions littéraires (…), portent sur des entités relevant du registre du manipulable d’où la question de l’ipséité a été par principe éliminée. »35

Francesca dans La Cité des Permutants de Greg Egan

Or, et c’est ce que je vais m’employer à montrer à présent, la science-fiction accorde une place, ou du moins peut le faire, comme n’importe quelle autre forme littéraire, à l’ipséité et au corps propre, et elle ne les élimine pas d’emblée comme Ricœur dit que le fait Parfit, apparemment considéré comme le seul auteur de science-fiction. Pour l’illustrer, je m’appuierai sur trois exemples, pris chacun chez l’écrivain de science-fiction australien Greg Egan. Premier exemple, dans le roman La Cité des permutants, l’idée de départ, dont les prémisses sont à peu près identiques à celles du télétransporteur de Parfit, est qu’il est possible de se faire scanner afin de produire une copie numérique de soi susceptible de vivre dans un univers virtuel. La technologie est en particulier utilisée afin d’assurer la survie des personnes au-delà de la disparition de leur corps organique. Greg Egan présente ainsi des personnages qui, après leur mort, continuent de vivre sur le réseau, et même, depuis leur monde virtuel, de gérer leurs affaires du monde réel. Mais l’auteur met aussi en scène des personnages, comme celui de Francesca, qui ne souhaitent pas utiliser cette technologie, au nom de ce que l’on peut interpréter comme une conception ricœurienne de l’ipséité ; en atteste, par exemple, la discussion entre Francesca et sa fille Maria, qui essaie de la convaincre de se faire copier :

« —Écoute, j’avais trente-trois ans quand la première Copie a été créée. Tu avais cinq ans, tu as grandi avec ce concept mais, pour moi, c’est encore trop… trop bizarre. (…) dépenser des centaines de milliers de dollars pour avoir la chance de me faire imiter par un ordinateur après ma mort est une farce. (…)
— Tu ne serais pas une imitation. Tu serais toi.
— Oui et non.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu m’as toujours dit que tu croyais que…
— Je crois effectivement que les Copies sont intelligentes. Simplement, je ne dirai pas qu’elles sont la même personne que la personne à partir de laquelle elles ont été créées. Ou qu’elles ne le sont pas.  (…) Etre numérisée ne me rendrait pas plus heureuse d’aborder la mort.36 Quoi qu’en puisse penser une Copie de moi, si jamais on en fait tourner une. »37

Loraine dans « A kidnapping » de Greg Egan

Loraine, dans la nouvelle « A kidnapping », présente le même genre d’arguments que Francesca :

« I don’t want to be imitated by a computer after I’m dead. What use would that be to me? […] I’m as frightened of death as anyone – but being scanned wouldn’t make me feel any better. » ;38

la suite de l’histoire propose une variation sur cette question, qui se révèle particulièrement intéressante concernant l’une des caractéristiques considérée comme cruciale par Ricœur au sujet de la fiction littéraire, à savoir la dialectique qu’elle met en œuvre entre identité-mêmeté et identité-ipséité. On apprend en effet que Loraine a été scannée en dépit de ses vœux : la représentation qu’avait d’elle son mari David quand il a lui-même subi l’opération s’est révélée tellement précise et complexe qu’elle a pu donner naissance à une imitation parfaitement convaincante de Loraine. De la sorte d’identité-mêmeté correspondant à l’image qu’avait David de Loraine, Greg Egan imagine que pourrait surgir une identité-ipséité. Cependant, rien n’assure, si ce n’est la Copie de Loraine elle-même, qu’elle est vraiment une personne. Est-elle vraiment capable de penser et de ressentir ? Ou bien est-elle un fantôme vide qui semble seulement être une personne de façon parfaitement convaincante ? David est alors confronté à une sorte de variation sur le test de Turing, où il est dans l’incapacité de dire si l’imitation d’imitation qu’est la Loraine qui lui parle est dotée d’une ipséité ou seulement d’une mêmeté qui imite à merveille l’ipséité. Comment faire la différence entre une vraie personne et une fausse dans un monde virtuel ? Mais comment le fait-on dans le monde réel ? C’est la question que pose David, renvoyant ainsi  à des problèmes philosophiques et science-fictifs on ne peut plus classiques : en effet, qu’est-ce qui nous assure dans le monde réel que nous avons affaire à de véritables personnes, sinon un acte primordial de confiance confirmé par l’habitude ? Le problème de l’imitation est alors rapporté au problème plus général de la reconnaissance d’autrui :

« Am I no one ? Are you no one ? Because that’s all we can ever have of each other : an imitation, a Copy. All we can ever know about are the portraits of each other inside our own skulls. »3940

J’espère donc avoir donné la preuve avec cet exemple que, contrairement à ce qu’avance Paul Ricœur, les variations imaginatives de la science-fiction ne sont pas seulement des variations relatives à la mêmeté et que la science-fiction littéraire, comme la littérature générale, propose des variations imaginatives relatives

« à l’ipséité, ou plus exactement à l’ipséité dans son rapport dialectique à la mêmeté. »41

En outre, j’espère avoir montré en même temps avec ces exemples que les discussions sur la pertinence ou non de se faire copier fournissent une illustration de la façon dont la science-fiction peut authentiquement constituer un laboratoire d’évaluation éthique dans le sens où l’entend Ricœur à propos de la fiction littéraire.

Daniel Gray dans « Le Réserviste » de Greg Egan

Même dans les cas qui correspondent plus directement à ceux qui sont visés par Paul Ricœur dans sa critique, à savoir ceux qui mettent en scène des manipulations du cerveau, on peut trouver des exemples de récits de science-fiction qui font jouer dialectiquement mêmeté, ipséité et corps propre. C’est le cas, par exemple, de la nouvelle « Le Réserviste »,42 de Greg Egan à nouveau, qui met en scène un personnage de milliardaire nommé Daniel Gray : celui-ci possède de multiples clones de lui-même qui lui servent de réservoirs d’organes ; il finance aussi des recherches dont le but est de parvenir à transplanter son cerveau, ou du moins la partie de celui-ci qui « contient » son identité personnelle, dans un corps neuf. La question que les biologistes doivent alors résoudre est la suivante : « Où se trouve l’identité dans le corps ? » Les différents stades de l’intrigue et la chute étayent la thèse selon laquelle les notions d’ipséité et de corps propre sont loin d’être nécessairement évacuées par la science-fiction, au prétexte qu’elle propose des dispositifs technologiques de manipulation du cerveau; au contraire, ceux-ci permettent d’interroger d’une façon à la fois intuitive et philosophique ces concepts et leurs limites.

Nécessité ou  contingence du corps ?

Cependant, j’imagine que l’on pourrait objecter que les exemples de textes de science-fiction proposés comme illustrant la place faite aux notions de corps propre et d’ipséité, et surtout comme mettant en œuvre une véritable dialectique de l’ipséité et de la mêmeté, ne sont pas valides, à la source, parce qu’ils nient le caractère « indépassable » de la condition corporelle, qui est justement au fondement, selon Ricœur, de la possibilité de cette dialectique :  

« Les fictions littéraires diffèrent fondamentalement des fictions technologiques en ce qu’elles restent des variations imaginatives autour d’un invariant, la condition corporelle vécue comme médiation existentielle entre soi et le monde. (…) Or, ce que les puzzling cases  frappent de plein fouet d’une contingence radicale, c’est cette condition corporelle et terrestre que l’herméneutique de l’existence, sous-jacente à la notion de l’agir et du souffrir, tient pour indépassable. »43

En ce sens, peu importe que Greg Egan ou d’autres auteurs de science-fiction mettent en scène des personnages qui défendent spontanément des thèses voisines de celles de Ricœur ; peu importe qu’ils imaginent des situations où la manipulabilité du corps est questionnée plutôt que simplement présupposée ; la science-fiction, dès lors qu’elle admet qu’il est possible, voire simplement imaginable, de procéder à de telles manipulations du corps, s’égare. Cependant, on pourrait objecter ici à Ricœur qu’il semble négliger une distinction conceptuelle possible : c’est en effet une chose d’admettre que la condition corporelle est indépassable, c’en est une autre de considérer que cette configuration corporelle singulière dans laquelle je me trouve pris l’est aussi ; cette deuxième assertion est trivialement fausse, comme l’atteste la grande variété de modifications susceptibles d’être conduites sur le corps, par chirurgie ou ingestion de drogues, par exemple. Si l’on admet que l’existence d’un corps comme support — comme médiation ou comme ancrage, si l’on préfère — d’un esprit est une nécessité (hypothèse matérialiste à laquelle souscrivent la plupart des textes de science-fiction), cela n’implique en rien que telcorps en particulier soit nécessairement lié à mon existence comme ipséité. Les variations technologiques des puzzling cases ne remettent donc pas nécessairement en cause le caractère indépassable de la condition corporelle, elles auraient plutôt tendance, dans leur matérialisme constitutif, à faire l’inverse ; en revanche, elles remettent en cause le caractère indépassable de ce corps que j’identifie comme m’étant propre à cet instant.

Les opérations technologiques des puzzling cases doivent-elles être prises au sérieux ?

En fait, il semble que le problème fondamental de la position de Ricœur provienne de ce qu’il ne prend pas véritablement au sérieux la possibilité des opérations technologiques qu’il trouve chez Parfit.44 Or celles-ci n’ont rien d’impossible, comme il le souligne d’ailleurs lui-même :

« Il s’agit d’abord de cas imaginaires qui restent concevables, lors même qu’ils ne seraient pas techniquement réalisables. Il leur suffit de n’être ni logiquement, ni physiquement impossibles. »45

Pourtant, si Ricœur reconnaît la possibilité théorique de ces opérations, quand il soulève à nouveau la question, plutôt que de prendre toute la mesure de ce qu’elles impliqueraient (impliqueront ?) pour la condition humaine, il se contente d’écarter le problème. Il commence en effet par poser une question purement rhétorique dont la réponse est implicitement négative :

« Sommes-nous capables, je ne dis pas d’effectuer, mais de concevoir les variations telles que la condition corporelle et terrestre elle-même devienne une simple variable, une variable contingente, si l’individu télétransporté ne transporte pas avec lui quelques traits résiduels de cette condition, sans lesquels il ne pourrait être dit ni agir ni souffrir (…) ? »46

Ce problème qu’il présente comme l’expression d’une « véritable perplexité » n’est pourtant pas si mystérieux, puisque c’est justement l’une des tâches que se propose la science-fiction de donner à concevoir et à interroger, grâce aux ressources combinées de la langue et de l’imaginaire, de telles situations, et éventuellement d’autres plus étranges encore. Après quelques considérations prometteuses sur la dimension éthique engagée par la question, Ricœur décide cependant de  la « laisser en suspens » et appelle simplement de ses vœux

« que jamais les chirurgiens-manipulateurs (…) n’aient les moyens, ni surtout le droit de faire ce qu’il reste parfaitement licite d’imaginer ».47

En se refusant de cette manière à réfléchir aux conséquences possibles de formes radicales de manipulation du corps, Paul Ricœur se prive non seulement de la possibilité de rencontrer des problèmes philosophiques passionnants, mais aussi de confronter à des objections puissantes une conception du corps qui pourrait bientôt s’avérer obsolète.

Qui l’est peut-être déjà.

Notes de bas de page numériques

1 . Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, « Points essais », 1990. Cinquième étude : p. 137-166. Sixième étude : p. 167-198.

2 . Ibid., p. 179.

3 . Ibid.,  p. 16.

4 . Ibid., p. 138.

5 . Ibid., p. 140.

6 . Ibid., p. 143.

7 . Ibid.

8 . Ibid.

9 . Les philosophes analytiques auxquels Ricœur se réfère sont Derek Parfit, Bernard Williams, Sydney Shoemaker, David Lewis, etc., mais sa démonstration porte uniquement sur Derek Parfit.

10 . Paul Ricœur, op. cit., p. 140.

11 . Concept dont je n’ai pas encore parlé mais que je présenterai plus loin et que Paul Ricœur considère comme crucial pour l’interprétation de l’ipséité.

12 . Derek Parfit, Reasons and Persons, New York, Oxford University Press, 1984, p. 199.

13 . Paul Ricœur, op. cit., p. 162.

14 . En effet il commence par dire que dans les deux versions de l’expérience, « Il est fait une copie exacte de mon cerveau, [et que] cette copie est transmise par radio à un poste récepteur placé sur une autre planète (…) », ibid., p. 161 ; ce qui est faux, comme en témoigne la texte exact de Parfit que je cite dans le corps du texte. « Mon corps » réapparaît cependant rapidement : « dans le premier cas, mon cerveau et mon corps sont détruits au cours de mon voyage spatial », ibid., p. 161. Mais alors, c’est qu’il était aussi du voyage ? En fait non, puisque ce n’est pas au cours du voyage spatial que, dans la première version de l’expérience, les premiers cerveau et corps sont détruits, mais sur la Terre que, matériellement du moins, ils ne quittent jamais.

15 . Derek Parfit, op. cit., p. 199.

16 . Ibid.

17 . Sidney Shoemaker, Self-Knowledge and Self-identity, Ithaca, Cornell University Press, 1963.

18 . Derek Parfit, op cit., p. 229.

19 . Ibid., p. 246.

20 . Une autre objection susceptible d’être opposée à Ricœur consisterait à faire observer qu’une position au moins voisine de celle qu’il défend apparaît sous la plume de Parfit en l’espèce de la conception de l’identité personnelle comme sujet de certaines expériences. Ibid., p. 214 ; p. 223 et sqq. : §81 the subject of experiences.

21 . Paul Ricœur, op. cit., p. 160.

22 . Ibid., p. 161.

23 . Ibid., p. 162.

24 . Ibid., p. 163.

25 . Ibid., p. 168.

26 . Ibid., p. 179.

27 . Ibid., p. 196.

28 . Ibid., p. 176.

29 . Ibid., p. 188.

30 . Ibid., p. 139.

31 . Ibid., p. 194.

32 . Ibid., p. 159.

33 . Ibid.

34 . Ibid., p. 155.

35 . Ibid., p. 162.

36 . On retrouve donc ici une problématique très proche de celle de Derek Parfit. Il est fort possible que Greg Egan ait lu Parfit, ou en ait au moins entendu parler. La documentation scientifique qu’il utilise abondamment pour écrire ses œuvres de fiction et qu’il cite parfois autorise à le supposer. Comme Parfit s’inspire lui-même de la science-fiction (son télétransporteur doit sans doute beaucoup à celui qu’on rencontre dans Star Trek), il y aurait donc circulation des idées entre la science-fiction et la philosophie, ce qui serait une façon d’attester à un niveau pragmatique la parenté de la science-fiction, dans certaines de ses incarnations du moins, avec la philosophie.

37 . Greg Egan, Permutation city, Londres, Millenium, 1994. Traduction de Bernard Sigaud : La Cité des permutants, Paris, Robert Laffont, « Ailleurs et demain », 1996, p. 91.

38 . Greg Egan, « A Kidnapping », Axiomatic, Londres, Millenium, 1995, p. 190-191.

39 . Ibid., p. 199.

40 . Un prolongement possible de cette nouvelle consisterait à dire que l’on tient là un critère du véritable amour : l’image mentale de l’identité d’une personne, si elle est suffisamment forte pour inclure une ipséité signifierait qu’on l’aime véritablement. L’idée pourrait être discutée.

41 . Ricœur, op. cit., p. 179.

42 . Greg Egan, «The Extra», Eidolon v1 #2, North Perth (Western Australia), Winter 1990. Traduction de Francis Lustman et Quarante-deux, sous le titre «Le Réserviste»,Les Récits de l'espace(http://www.quarante-deux.org/recits.html), Paris, Quarante-Deux, 1997, non paru sur papier.

43 . Paul Ricœur, op. cit., p. 178.

44 . Ou sans doute plutôt, comme je le suggère dans la suite, il les prend trop au sérieux et suspectant les enjeux vertigineux sur le plan moral qu’engagent de telles opérations, il renonce à ne serait-ce que commencer de les penser.

45 . Paul Ricœur, op. cit., p. 162.

46 . Ibid., p. 179.

47 . Ibid., p. 180.

Bibliographie

Greg Egan, «The Extra», Eidolon v1 #2, North Perth (Western Australia), Winter 1990. Traduction de Francis Lustman et Quarante-deux, sous le titre «Le Réserviste», Les Récits de l'espace(http://www.quarante-deux.org/recits.html), Paris, Quarante-Deux, 1997, non paru sur papier.

Permutation city, Londres, Millenium, 1994. Traduction de Bernard Sigaud : La Cité des permutants, Paris, Robert Laffont, « Ailleurs et demain », 1996.

« A Kidnapping », Axiomatic, Londres, Millenium, Reprint 2000 (First edition :1995).

Derek Parfit, Reasons and Persons, New York, Oxford University Press, 1984.

Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, « Points essais », 1990.

Sidney Shoemaker, Self-Knowledge and Self-identity, Ithaca, Cornell University Press, 1963.

Pour citer cet article

Sylvie Allouche, « Identité, ipséité et corps propre en science-fiction », paru dans Alliage, n°60 - Juin 2007, I. Retours sur les figures classiques, Identité, ipséité et corps propre en science-fiction, mis en ligne le 01 août 2012, URL : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3489.

Auteurs

Sylvie Allouche

Ancienne élève de l’École normale supérieure, elle prépare un doctorat en philosophie des sciences et des techniques à l’université Paris-I. Elle est l’auteur de divers articles qui examinent les rapports de la science-fiction et de la philosophie, notamment « Science-fiction et philosophie : pour une exploration des possibles de la techno-science (Solaris, printemps 2004) et « Greg Egan, variations sur l’être humain » (Critique n° 709-710, juin-juillet 2006, Mutants). Elle a aussi co-organisé le Mois de la science-fiction à l’École normale supérieure en mai 2006